L'AUTRE NOM DE L'ARC-EN-CIEL

CRÉATION 2007

Chorégraphie : Frédéric Lescure,
Interprètes : Isabelle Terracher (chant et danse), Carole Fèvre, Déborah Lary
ou Francesca Ziviani, Antoine Coesens, Michael Vessereau, Frédéric Lescure,
Lumières : Nino Ramos,
Musique: Franck Gervais et Pergolèse,
Costumes: Agathe Laemmel,
Chargé de production : Mostafa El Iklil
Production Cie l’Echappée, subventionnée par le Conseil Régional du Centre, la DRAC
Centre, le Conseil Général du Val d’Oise, les villes de Sannois et d’Amboise,
avec l’aide de l’ADAMI, l’accueil studio de Micadanse Paris et du CND.

Un instant de grâce où le temps semble s’arrêter de passer pour s’enrouler sur lui-même. Sur le plateau ouvert, six personnages s’entrechoquent, s’agrippent, s’érodent, sans jamais se trahir. Les émotions s’épousent, les corps se consolent, les âmes se révèlent, c’est comme une fontaine, une folle envie d’harmonie. Après l’averse, une offrande arc-en-ciel.
Frédéric Lescure.

UN ARC-EN CIEL QUI RESTERA
Un arc-en-ciel, celui de la compagnie de danse contemporaine l’Échappée, a vu le jour à Ambroise. Progressivement, bien plus lentement que lors d’un orage, en fait le temps d’une résidence d’une huitaine de jours au théâtre Beaumarchais, ou l’oeuvre a été crée puis présentée samedi soir. Une belle oeuvre, à la fois sensible, raffinée et avec un peu d’humour inattendu, pour évoquer toutes les contradictions symbolisées par un arc en ciel. Un moment de beauté magique après la tension de l’orage et avant le retour de la lumière souvent éclatante. Des éléments qui semblent abstraits, c’est vrai, mais que le public du théâtre a tout de suite senti ou mieux ressenti. A commencer peut-être par ceux qui ont assisté à la genèse de l’oeuvre voulue ouverte par le chorégraphe Frédéric Lescure, avec des ateliers et des répétitions en libre accès. Une démarche généreuse, une bonne idée pour faire sentir de l’intérieur ce que signifie créer aujourd’hui un spectacle de danse contemporaine. Sa réussite tient au découpage entre chaque séquences de l’arc-en-ciel, avec une musique sur mesure, composée par Franck Gervais. Il a adapté le rythme, l’ambiance parfois inquiétante parfois planante, à celui des six danseurs, aux corps et aux parcours si différents. Arc-en-ciel, c’est un feu d’artifice avec des moments de silence et des extraits choisis avec soin entre différentes version du « Stabat Mater » de Pergolèse. Raffinement dans l’esthétique, avec d’abord des danseuses aux formes si élégantes en imperméables et talons aiguilles, bottes ou escarpins puis pieds nus sur scène. Pour traverser l’arc-en-ciel comme Alice passe de l’autre côté du miroir, il suffisait de se laisser prendre par la main.
[ Raphaël Chambriard – La Nouvelle République du Centre du 14 février 2007 ]

L'AUTRE NOM DE L'ARC-EN CIEL
Charme discret d’une danse épanouie, la chorégraphie de la compagnie l’Echappée signée Frédéric Lescure a été présentée, hier soir, à Fleury les Aubrais, De l’Energie pure au premier abord. Un couple. Deux corps sous perfusion hip-hop avec des courts-circuits sensuels. Puis vient l’éthéré. Le temps des ronds sur scène de mannequins portants imperméables et talons hauts. Il y a un homme aussi. Là comme ailleurs. Le poids du ciel sur ses épaules. Rien de classieux dans tout cela, rien de trop mode. Juste un peu d’air du temps. Pas de plateau semblable à la page glacée de magazine de top-modèles prenant la pose sur quelque dalle de la Défense, ou d’ailleurs. Car dans l’électronique de la bande-son conçue par Franck Gervais, se glisse du baroque, quelque chose d’un peu sacré, comme du Pergolèse, et qui porte les danseurs à retrouver leur pieds nus pour évoluer. Juste un peu de danse dans la danse, comme il y a du cinéma dans le cinéma ou du théâtre dans le théâtre avec certains réalisateurs ou metteur en scène, et Frédéric Lescure poursuit le bal. La belle histoire des corps en émoi. Il la livre avec élégance, dans un esprit galant qu’il pimente d’un peu de farce et de pantomime foraine. Mais surtout ; Lescure et ses danseurs se jouent de la pesanteur. C’est une merveille de voir comme ils abolissent l’origine du mouvement . Tout ici se trame, se noue, s’épouse au seuil de se fondre. Une belle bousculade de sentiments.
[ Jean Dominique Burtin – La République du Centre Week-end, 14 et 15 avril 2007 ]

LA DANSE COMME DANS LA RUE
Vendredi soir, au Minotaure de Vendôme, la compagnie l’Echappée présentait un spectacle intitulé «L’Autre nom de l’Arc-en-ciel ». Le style de Frédéric Lescure est très fibreux. Il explore les possibilités du corps dans ses moindres recoins. Tout à la fois bien planté au sol, stable et équilibré, ce corps paraît tournoyer facilement dans l’espace, s’élever et s’étirer souplement pour se ré enrouler à nouveau, sans bruit, car le silence fait partie du spectacle. La prise de l’espace est large, même en solo sur scène. Les mouvements sont purs et efficaces, comme inspirés d’un art martial réinventé. La rencontre des danseurs et danseuses, car il y a là trois couples en dynamique, est riche d’événements. Les interactions sensuelles sont belles, portées ou non par un temps de musique issue de l’espace, dans un mélange de plaisir partagé et de fougue qui s’impose. La mise en scène avec des costumes si habituels que l’on peut les retrouver dans la rue donne une « magie décalée » à la chorégraphie, une réalité et une évasion à la fois. Ici le théâtre côtoie les sens et donne de la personnalité à la technique. C’est pur, et c’est agréable de se laisser emporter dans leur dynamique.
[ Claude Defresne – La Nouvelle République du Centre du 3 mars 2008 ]

FRÉDÉRIC LESCURE : CONCILIATION
Comment concilier l’inconciliable ? Sur le plateau nu, devant le très beau mur de pierres apparentes du Café de la Danse, six personnages, chacun avec son caractère, chacun messager d’un propos différent, semblent voué à l’errance. But du jeu : faire naître entre eux une osmose, sans heurt, le plus harmonieusement possible. L’oeuvre débute bien sur dans la solitude et le silence : déambulations isolées qui, du fait des frôlements et rencontres inévitables, aboutissent peu à peu à un embryon d’osmose, malgré l’indifférence qui les étreint. Le brassage se fait dans l’harmonie, chacun pourtant gardant sa propre identité. Le premier trio sur une partition poignante de Pergolèse est une sorte d’appel à l’échange : un jeu entre trois femmes, trois soeurs pourrait-on dire, qui évoquent chacune la même idée, chacune à sa manière. Le trouble naît peu à peu : de la diffraction du départ on en arrive à la création de liens ténus puis à un imperceptible mélange, dans une totale retenue. Le Salve Regina de Pergolèse est le moment propice à l’érosion puis à l’abandon des tensions. Et ces êtres, que tout séparait, finissent par se rejoindre et s’épouser, juxtaposant, comme chacune des couleurs de l’arc-en-ciel, leurs frontières (traduisez leurs sentiments) communes. L’intérêt de l’oeuvre réside non seulement dans son propos mais surtout dans la peinture du caractère des personnages, de l’évolution de leurs passions, la description des liens qui se tissent peu à peu. Les dissonances, la défiance et la colère se transforment petit à petit en harmonie, union, beauté et pureté. De l’averse, jaillit l’arc-en-ciel.
[ Jean Marie Gourreau – journal de la Fédération Française de Danse juin 2007 ]